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« Gustave Miklos fait partie de ce groupe d’artistes nés hors de France, mais que Paris a absorbé, a fait à son image, et qui, maintenant, sont les meilleurs représentants de l’école française moderne.

Marie Dormoy

bibliothécaire du collectionneur et mécène Jacques Doucet

Gustave Miklos (1888-1967)
​peintre, sculpteur, dessinateur

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Miklos est né le 30 juin 1888 à Budapest. A l’Ecole Royale des Arts décoratifs de la capitale, il apprend les techniques relatives à l’art du vitrail, de la tapisserie, du métal, de l’émail et de la sculpture. 

Afin de poursuivre sa formation artistique, Miklos part s’installer à Paris en 1909 où il rejoint son compatriote Joseph Csaky à la Ruche. Il fréquente les cours de dessins de l’Ecole Spéciale d’Architecture et suit l’enseignement de Le Fauconnier à l’Académie de La Palette. Il expose ses premières peintures au Salon d’Automne en 1910 et 1911.

Il emprunte alors les chemins du cubisme. En 1913, une de ses peintures cubistes est sélectionnée pour une exposition itinérante « Exhibition of Cubist Paintings » organisée par Taylor Son & Co à Cleveland. De cette période, on ne connaît que peu de toiles cubistes. Une seule est actuellement localisée. 

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Miklos est envoyé sur le front d’Orient. Il découvre alors l’art byzantin, les ors, les bleus et les rouges des mosaïques qui ornent les voûtes des basiliques à Salonique en Grèce.

Pour sa première participation au Salon des Indépendants de 1920 à Paris, il expose quatre peintures inspirées par le hiératisme et les couleurs des œuvres byzantines. 

Elles sont remarquées par le collectionneur et mécène Jacques Doucet qui l’encourage dans son travail en lui commandant de nombreux objets et en lui confiant des projets décoratifs.

En 1922, Miklos rencontre le graveur et éditeur suisse François-Louis Schmied (1873-1941). De leurs passions artistiques communes naît une amitié qui durera jusqu’au décès de Schmied en 1941.

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Carnet de comptes de Miklos travaux pour Schmied.jpg

F.-L. Schmied est subjugué par l’univers poétique de l’artiste hongrois. Ils concluent un accord secret selon lequel Miklos va lui fournir ses dessins pour des illustrations de livres, des projets de reliure, des fontes émaillées et des tableaux. En acceptant que l’éditeur les signe de son nom, Gustave Miklos renonce ainsi à la renommée que son talent aurait pu lui apporter de son vivant.

Dans son carnet des « Travaux pour François exécutés depuis l’an 1922 », Gustave Miklos a tenu une comptabilité des commandes que Schmied lui envoyait : plusieurs centaines de compositions, reliures, titres, faux titres, bandeaux, lettrines, ornements, culs-de-lampe, planches, affiches, fers, menus, bois, invitations, décorations murales, peintures et projets d'œuvres sur émail. Ces œuvres sont signées F.-L. Schmied, mais c'est bien Gustave Miklos qui en est l'auteur.

6.Dessin préparatoire pour une reliure.jpeg

De son anonymat, Miklos tirera des avantages pour subvenir aux besoins de sa famille en Hongrie, pour bénéficier d’une vie confortable, mais sans excès et pour financer le tirage de ses sculptures en bronze. Jean Dunand lui demande de fournir des dessins pour les panneaux en laque. Comme pour Schmied, Miklos n’a pas signé pas ses créations, au contraire de Paul Jouve, de Jean Lambert-Rucki et de Jean Goulden. Il est possible que cette signature apposée sur son style ait pu trahir le pacte conclu avec Schmied.

Le Comité Gustave Miklos, fidèle à sa mission, réunit des éléments qui permettent de comprendre et de mettre au jour les différentes collaborations de Gustave Miklos avec les grands noms de l'Art Déco.

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C’est au travers de la sculpture que Miklos s’épanouit pleinement dans sa vie d’artiste. En février 1923, le marchand des avant-gardes Léonce Rosenberg lui propose sa première exposition monographique où il présente au public des œuvres en plaques de métal repoussé à L'Effort Moderne, rue de La Baume à Paris. En mai 1928, à la galerie de la Renaissance, l’artiste expose de nombreuses sculptures en bronze qui évoquent à l’historien d’art Jean Guiffrey une quête de la recherche de la forme parfaite, une volonté d’atteindre un caractère idéal et universel, de la perfection de son exécution.

La sculpture de Miklos ne correspond à aucune mode, elle est hors du temps et des codes esthétiques de l’époque. Elle exprime une recherche d’élévation, une quête spirituelle profonde.

Miklos fait partie des membres fondateurs de l’UAM (Union des Artistes Modernes) et participe à toutes les expositions du Pavillon de Marsan entre 1929 et 1937.

De son vivant, Gustave Miklos n’a été connu que pour son œuvre sculpté, longtemps réservé à des cercles restreints. Parmi ses collectionneurs, réguliers ou ponctuels, figuraient, entre autres, Jacques Doucet, François-Louis Schmied, Marcel Coard, Robert de Rothschild, Laurent Monnier, Jean Dunand, Jeanne Lanvin, ou encore le plus fidèle, le bibliophile et amateur d'art Jacques André.

Gustave Miklos posant à côté d'un tableau © Archives Gustave Miklos_edited.jpg

En 1940, Gustave Miklos s’installe avec sa femme Marie-Louise à Oyonnax, commune de l'Ain à la frontière du Jura, où il enseigne en tant que professeur la sculpture à l’Ecole des Matières plastiques. Il y décède en 1967.

Du vivant de l'artiste, certaines œuvres ont été acquises par l'Etat et déposées au Centre Pompidou, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris et au Musée d’Art et d’Histoire de Cholet.

Sa veuve, souhaitant défendre son œuvre, procède à une importante donation de plâtres au Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Etienne, au Musée d’Art moderne André Malraux du Havre, au Musée des Beaux-Arts de Calais et au Musée de Brou à Bourg-en-Bresse.

Le Musée des Arts décoratifs de Paris, le Musée de la Piscine à Roubaix, et le Musée du Peigne à Oyonnax ont acquis ou reçu en donation des œuvres de l'artiste. 

A l'étranger, le Virginia Museum of Fine Arts à Richmond (VA, EU), la Fondation Barnes à Philadelphie (PA, EU), et le Kröller-Müller Museum à Otterlo (Pays-Bas) exposent dans leurs salles des créations de Gustave Miklos.

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